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Gaza l’inhabitable

Editorial La Presse

Il était une fois la Nakba, un terme consacré pour désigner « La catastrophe ». Ce vocable, qui a transcendé les barrières linguistiques, désigne la défaite cuisante des armées arabes entrées en guerre contre Israël en mai 1948. Conséquence directe de la débâcle, un exode forcé de près de 800.000 Palestiniens, expulsés de chez eux.

La Naksa, littéralement « la rechute », est le terme qui fait référence à la guerre des Six-Jours qui a eu lieu en juin 1967. Entraînant un nouvel exode de près de 300.000 Palestiniens. Ce triste anniversaire est commémoré chaque 5 juin.

Entre 2023 et 2024, le même scénario s’est répété. La bande de Gaza étant « tout simplement devenue inhabitable », et ses habitants « font face à des menaces quotidiennes sous les yeux du monde », dénonce le coordinateur des affaires humanitaires des Nations unies, Martin Griffiths.

Toutes les conditions sont réunies, une nouvelle fois, pour forcer les Palestiniens à partir de chez eux. D’ailleurs, ceux détenteurs d’une double nationalité, ceux qui ont la possibilité de quitter l’enfer, sont en train de le faire. Peut-on leur en vouloir ? Comment vivre là où toutes les conditions, non pas de vie, mais simplement de survie, ont été quasiment détruites ?

Rafah, cette ville située à la pointe sud de Gaza où se sont réfugiés des centaines de milliers de Palestiniens est pilonnée nuit et jour. Le dernier bilan fait état de 22.600 tués et de près de 60.000 blessés.

Pendant ce temps, les Israéliens se disputent le sort de l’enclave. Si le ministre de la défense, Yoav Gallant, a déclaré qu’«il n’y aura pas de présence civile israélienne dans la bande de Gaza après l’atteinte des objectifs de la guerre». En d’autres termes, pas d’annexion de Gaza, mais juste le ré-emprisonnement de ses habitants à l’intérieur de l’enclave assiégée. Le sulfureux ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait appelé, lui, les colons juifs à s’y installer. Encourageant, en même temps, la population palestinienne à abandonner ses terres et ses maisons et à partir. De 1947 à 2024, rien n’a changé. Ce sont toujours les mêmes, injustement condamnés à l’expulsion, au déracinement et à l’errance. Le même occupant mais devenu plus gourmand et la même humanité mais encore plus lâche.

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